Ce
livre vient se situer au cœur du combat mené par la Fraternité
Sacerdotale Saint Pie X, œuvre à laquelle, n'hésita pas à écrire Monseigneur
Lefebvre, « Dieu va confier l'Arche d'Alliance du Nouveau
Testament ». C'est en effet un devoir particulier des prêtres
préservés par le Bon Dieu des erreurs modernes, que de chercher à en
comprendre la perversité, tant pour s'en prémunir eux-mêmes que pour
défendre leurs fidèles et ramener les égarés vers la vérité. «
C'est à cette condition, écrit le père Aubry, que, se mêlant aux
pécheurs, fréquentant les profanes, vivant au milieu du siècle, il ne
ploiera pas son intelligence à leurs mesquins enseignements, il ne
laissera pas envahir son âme par leurs idées terrestres, il ne sera pas
entamé par leur esprit qui est celui du monde, opposé à celui de
Jésus-Christ ». C'est à cette condition aussi qu'il sera à même
de remplir son devoir de pasteur vis-à-vis des âmes. Saint Thomas a dit
du prêtre « qu'il est désigné pour délivrer la foule des fidèles de
l'ignorance » et il ne peut bien remplir cette mission que par une étude
quotidienne de la Théologie. Il est certain que cette lutte doctrinale de
la Fraternité Saint Pie X a déjà porté des fruits étonnants et en portera beaucoup
d'autres. Il existe aujourd'hui des interrogations, des doutes, des
remises en cause du Novus Ordo Missae qui auraient semblé
impossibles il y a vingt ou même dix ans. Nous voyons dans cet
ébranlement un encouragement à l'intransigeance gardée par les tenants
de la Tradition de l'Église sur la question liturgique, et la victoire
d'une argumentation qui pénètre peu à peu dans certains esprits.
Cependant, comme la messe de Paul VI
n'est finalement que la traduction liturgique des principes du
concile, notre combat nous amène à serrer de plus en plus ses textes
pour mettre en évidence ses équivoques, ses erreurs, et la cohérence
interne qui en fait l'instrument principal de la révolution opérée dans
l'Église. Nous espérons que nos objections contre le concile, après
notre critique de la nouvelle messe, finiront par être entendues par
quelques-uns et que les conservateurs hésiteront alors à vouloir encore
expliquer la crise de ces dernières décennies par la seule mauvaise
interprétation des textes de Vatican II.
Tant
que Laocoon n'est pas mort, il a le devoir de mettre en garde contre le
cheval de Troie.
Pour
nous en persuader, nous emprunterons à Chantal Delsol la parabole
suivante, qui commence son essai sur la modernité tardive intitulé Eloge
de la singularité : « Voilà un héritier auquel le notaire apprend
qu'il a reçu pour patrimoine un coffre plein de serpents. » Ce livre Vatican
II
et l'Évangile fait
de monsieur l'abbé de Tanoüarn un notaire perspicace qui alarme les
héritiers du concile en faisant habilement retentir les sonnettes et
jaillir les sornettes du vieux serpent - toujours le même - qui s'y est
glissé. Ce notaire généreux nous restitue à la place - et ce n'est pas
là le moindre mérite de son travail -le véritable héritage des
catholiques, l'Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ, présent à
toutes les pages, comme le seul et merveilleux antidote capable de
neutraliser le poison. |