C'est
sous forme de sermons - ou comme on aime à dire aujourd'hui, sous forme
d'homélies, de commentaires d'Évangile - que se présente la première
partie de cet ouvrage.
La
caractéristique majeure de ce genre littéraire, si traditionnel dans l'Église, c'est le souci d'être accessible au plus grand nombre possible
d'auditeurs et ensuite de lecteurs.
Vatican
II, voilà un
sujet qui a été enseveli sous l'érudition et ainsi comme retiré au
peuple chrétien, pour lequel il avait été rédigé d'abord. Chaque
constitution, chaque décret, chaque déclaration est bardée de toutes
sortes de commentaires dans des éditions savantes. Ce travail de
spécialiste a un intérêt certain mais il présente également un
certain nombre d'inconvénients. Avant de pouvoir articuler quoi que ce
soit sur le sujet qui l'occupe, le chercheur est censé avoir lu - ou au
moins avoir dépouillé - une grande quantité de littérature secondaire,
tout ce qui a été dit par le moindre universitaire un tant soit peu
galonné. Il voit se restreindre le champ de son étude en même temps que
s'accroît la matière de ses lectures et, finalement, il risque fort de
manquer l'idée générale, parce qu'il se tient à la lettre du sujet.
Poursuivant la chimère de l'exhaustivité, il en arrive à savoir le tout
d'un rien, au moment même où il risque fort de ne plus comprendre rien
du tout. Celui qui d'aventure ne veut pas se plier à cette discipline
austère de la spécialisation se voit vite retirer le droit de parler par
des gens qui lui demanderont d'abord s'il a épuisé la bibliographie
afférente à l'objet de son dire. A ce sujet, Michel de Certeau
n'hésitait pas à évoquer quelque part « le terrorisme qu'exerce
l'érudition sur la théologie ».
La
forme du sermon ou de l'homélie permet d'éviter l'ire des spécialistes,
qui, dans le domaine religieux tout au moins, ne pourraient pas se
permettre de reprocher au prédicateur son titre et sa fonction.
Son
titre ? Il est passeur de Christ. Sa fonction ? Parler la foi :
Credidi propter quod locutus sum. Un prédicateur qui se déroberait à
son titre serait en quelque sorte frappé d'indignité. Un prédicateur
qui refuserait sa fonction n'aurait plus qu'à se taire.
Je
tâche donc ici de ne pas me laisser intimider par les sages et les
savants, en m'acquittant de mon office autant que Dieu m'en donne la
force.
Les
six "chapitres" qui suivent correspondent aux six dimanches du
Carême 2002 à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Ils esquissent une vue
générale de ce que l'on pourrait nommer de façon un peu impressionniste
le paysage conciliaire. Le chapitre 4 a été entièrement réécrit, pour
figurer une sorte d'introduction à l'erreur philosophique qui est à la
source de la nouvelle religion conciliaire. |