Nous
savons que Monseigneur Lefebvre perçut dès les premières séances du
concile Vatican II son caractère ambigu, qui l'amena à poser le dilemme suivant
: « Comment donc définir notre doctrine, de telle sorte qu'elle ne donne
plus lieu aux erreurs d'aujourd'hui et, dans un même texte, rendre cette
vérité intelligible à des gens non versés dans la science
théologique ? Ou bien notre doctrine n'est pas présentée comme il
se doit pour devenir intelligible à tout le monde, ou bien cette doctrine
est parfaitement bien exposée, mais la formule n'en est plus intelligible
pour les non-initiés. » Cette grave difficulté inspira au prélat une
solution de bon sens, qui avait d'ailleurs emporté l'unanimité morale de
la commission centrale préconciliaire. Il suffisait, pour chaque
commission, de présenter deux documents : « l'un, plus dogmatique, à
l'usage des théologiens ; l'autre, plus pastoral, à l'usage des
autres gens, soit catholiques, soit non-catholiques, soit infidèles. »
Mais les libéraux de Vatican II cherchaient
au contraire à maintenir les finalités du concile dans une imprécision
qui permit ensuite l'usage d'innombrables formules équivoques dans les
textes : aussi la suggestion fut-elle rejetée.
Si
nous avons de nombreuses raisons de déplorer que cet excellent conseil
n'ait pas été suivi par les hommes du concile, réjouissons-nous que
monsieur l'abbé de Tanoüarn en ait fait si bon profit dans ce livre. Les
six premiers chapitres reprennent en réalité les homélies de Carême
que prononça notre confrère en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Leur style, d'une extrême simplicité, a dû rassurer immédiatement ses
auditeurs et rassurera pareillement ses lecteurs. Oui, il devient
possible, à travers ces pages, de comprendre ce que fut véritablement le
message du concile Vatican II
et de pénétrer les raisons
pour lesquelles la Fraternité Saint Pie X
a le devoir, à l'instar de son
fondateur, de dénoncer encore et toujours le poison moderniste. Après
une lecture aussi limpide, le lecteur encouragé se risquera, je
l'espère, à affronter la deuxième partie de l'ouvrage qui offre une
critique proprement philosophique et théologique du concile. Il
s'apercevra alors de l'utilité de la méthode pédagogique employée. Les
six chapitres finaux du livre, devenus plus facilement intelligibles,
fournissent alors la clef du concile grâce au judicieux tremplin
emprunté. |