Maintenant,
si nous nous plaçons sur le plan plus spécifiquement religieux, comment
se caractérise donc cet « âge nouveau » (n°4, §2) de la condition
humaine ? « La métamorphose sociale et culturelle », nous
prévient le texte du Concile, possède « des effets qui se répercutent
jusque sur la vie religieuse ». Qui dit âge nouveau dit nouvelle
vision du culte dû à Dieu. Qui dit âge nouveau dit nouvelle conception
de l'homme. Que nous apprend le texte du Concile sur cette nouvelle
conception de l'homme ? Il suffit de continuer la lecture de Gaudium
et spes : « Croyants et incroyants sont généralement d'accord sur
ce point : tout sur terre doit être ordonné à l'homme comme à son
centre et à son sommet » (n°12, §1). La nouvelle religion,
correspondant à l'homme nouveau, sera donc ordonnée à l'homme, elle se
mettra au service de l'homme, comme le redit Paul VI
dans son discours de clôture. Et ce service de l'homme est conçu
de la même façon par les croyants et par les incroyants. Le culte du
Dieu qui se fait homme, pour reprendre la formule de Paul VI,
converge avec le culte de l'homme qui se fait Dieu pour affirmer
que l'homme est la fin de tout l'univers. Et c'est la raison pour laquelle
la collaboration entre l'Église et le genre humain doit être étroite.
On
trouve ici une imbrication étrange des perspectives politiques qui
annoncent l'unité du genre humain et des perspectives spirituelles
ouvertes par l'idée nouvelle du service de l'homme. C'est en effet avec
enthousiasme que les Pères évoquent une « réciprocité de service
entre le peuple de Dieu et l'humanité » dans la construction de
l'avenir. Rien ne s'y oppose s'il est vrai, comme le criera Paul VI
à l'ONU, que « nous chrétiens, nous plus que tout autre, nous
avons le culte de l'homme ».
La
religion elle-même et la foi catholique sont au service de l'homme. Alors
que la mission de l'Église garde censément un caractère religieux, son
service est en même temps « souverainement humain ». |