Centre Saint Paul

"Vatican II et l'Évangile" - abbé G. de Tanoüarn

Blog de l'auteur
Tradinews

Accueil - couverture
Préface, par l'abbé Régis de Cacqueray

Introduction - Oublier Vatican II ?

Première partie - Le Concile comme paysage
Chapitre 1 - Le chrétien dans le monde
Chapitre 2 - Nouveauté chrétienne - nouveauté conciliaire
Chapitre 3 - La paix du Christ et la paix du Concile
Chapitre 4 - Un nouvel homme, une nouvelle religion

Chapitre 5 - La liberté du Christ et la liberté religieuse

Chapitre 6 - Le culte chrétien et le culte conciliaire

Premier bilan

Deuxième partie - Une clef pour Vatican II

Chapitre 7 - Prélude philosophique
Chapitre 8 - Liberté religieuse, le conflit des interprétations
Chapitre 9 - Vatican II et la transmission de la foi
Chapitre 10 - Liberté et vérité dans l'Évangile
Chapitre 11 - Quel est ce droit ?
Chapitre 12 - Quel est ce Règne ?
Conclusion
Annexes

Liste des abréviations utilisées

 
(C) Abbé de Tanoüarn
12 rue Saint-Joseph
75002 Paris
01.40.26.41.78
Chapitre 5 - La liberté du Christ et la liberté religieuse [suite]

On conçoit que pour un Israélite pieux, être débarrassé du joug de la Loi, cela signifiait quelque chose ! Le juif qui se convertissait et devenait chrétien accédait à une liberté par rapport aux préceptes de la loi qu'il ne connaissait pas auparavant.

Mais il serait trop simple de nous cantonner à cette étude historique. Regardons-nous un peu nous-mêmes. Sommes-nous exempts d'un tel légalisme ? Pas du tout. Il faut bien reconnaître que, si permissive que soit l'atmosphère morale dans laquelle nous vivons, nous nous trouvons souvent comme pétris de respect devant les directives d'une circulaire administrative. Les seuls péchés universellement reconnus aujourd'hui sont les écarts par rapport à la loi civile. Quant à la loi morale, résumée dans les dix commandements que Dieu donna à Moïse, nous n'avons à son égard qu'une révérence de plus en plus théorique !

En revanche, nous nous faisons un devoir d'observer jusqu'au moindre règlement. Et ces règlements en tout genre vont en se multipliant ! Non plus dans une perspective religieuse, mais simplement parce qu'il faut bien faire vivre ensemble des gens qui n'ont plus aucune habitude commune, aucune mœurs communes, aucun patrimoine, aucun bien commun. Loin de s'opposer à cette atmosphère permissive que nous connaissons bien, le constant besoin de légiférer apparaît comme une conséquence logique de la récente liberté de l'individu délié de toutes les appartenances traditionnelles, à une famille, à un métier, à une nation ou à une religion.

Dans cette atmosphère légaliste, le simple fait de placer un jugement de conscience au-dessus de la loi civile suffit à nous mettre comme hors la loi, avec toutes les conséquences que cela peut impliquer. La volonté de se référer à un ordre naturel, supérieur à celui que décrivent les différents règlements actuellement en vigueur, apparaît comme hérétique : elle exclut ceux qui revendiqueraient cette référence et la considéreraient comme transcendante par rapport au consensus social. Si vous ne vénérez pas assez la loi civile, expression de la volonté générale, si vous lui préférez une autre loi, la loi divine par exemple, vous aurez à subir la mise en quarantaine que l'on imposait autrefois aux malades contagieux. La diabolisation n'est pas loin !

Pourquoi exige-t-on une telle révérence ? Parce que l'on tient la loi civile pour la matrice de notre liberté et de notre supériorité d'êtres civilisés... Même la vérité religieuse ne peut exister désormais que si elle se soumet à la censure de la Loi. Oui au Christ, oui à l'Évangile, dit la Déclaration Dignitatis humanae, mais " dans les justes limites de l'ordre public ".

Certes, il est bien naturel qu'un catholique respecte l'ordre public. Dans les lettres aux premières communautés chrétiennes, saint Pierre, saint Jacques et saint Paul lui-même multiplient les recommandations de civisme, parce que " tout pouvoir vient de Dieu " (Rom. XIII, 1).

>>Suite>>